Cinéma des luttes autochtones

Le projet de recherche « For a Global Study of Filmic Practices within Autochthonous Struggles », mené à La Fémis et financé par l’IRIS Études Globales de l’Université PSL, a donné lieu à quatre journées d’études dont le but était de créer collectivement des espaces de réflexion et d’échanges autour de l’interrogation des rôles et des formes des pratiques filmiques dans les situations de conflits où les communautés autochtones – aborigènes, amérindiennes et rurales – font face à la mise en péril des leurs terres (spoliation, pollution).

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Dans une perspective contemporaine et historique, quatre journées d’étude proposaient entre janvier et mai 2019 une première cartographie des luttes autochtones – particulièrement en Amérique du Nord et dans le Pacifique. Ces contextes sont marqués par de nombreux désastres hérités de la colonisation (colonies de peuplement, guerres de conquête, exterminations et déplacements des premières nations) et le développement, toujours actuel, des industries extractives.
Dans ces situations néocoloniales, les communautés autochtones sont parmi les premières à faire l’expérience des violences d’État, des restrictions des droits fondamentaux, des exploitations économiques, de la pollution, de la contamination des êtres vivants, de l’injustice environnementale, de l’expropriation des terres due entre autres à une nouvelle technologie d’extraction. De telles situations hostiles mettent en jeu des transformations écologiques, macroéconomiques et géopolitiques de grande échelle. Même si une partie est aisément considérée comme naturelle, ces processus globaux, dont la profondeur historique s’étend sur des décennies voire des siècles, s’avèrent majoritairement d’origine humaine. Ces situations éprouvantes conduisent les populations à se mobiliser pour préserver leurs existences et leurs milieux de vie.

Ces journées avaient pour enjeu de déplacer nos présupposés analytiques à l’égard des situations de luttes et de mobilisations sociales pour inventer de nouveaux outils et de nouvelles méthodologies pour les envisager. Il s’agissait par ailleurs, en prenant en compte les formes et les histoire de pratiques filmiques, d’éclairer les expériences des individus qui engagés dans ces luttes et d’explorer en quoi leurs histoires politiques et visuelles peuvent servir à penser l’anthropologie et l’histoire du cinéma et des luttes autochtones, ainsi que la place des images en mouvement des ces combats.
Furent ainsi mises en lumière et questionnées les histoires visuelle des luttes des autochtones du Quebec, au sein des films produits par l’Office National du Film du Canada dans les années 1970, les mouvements insurrectionnels du Sud Mexique entre 1990 et 2000 dans l’état de Oxaca, ou encore les combats des nations amérindiennes Ho-Chunk et Pechanga, au travers de l’œuvre du cinéaste Sky Hopinka – ainsi que d’autres luttes autochtones à Taïwan, aux Philippines, au Japon ou en Océanie.

Pour plus d’information, vous pouvez consulter le programme complet de ces journées d’études ici.
Ce projet a été dirigé par Nicole Brenez (La Fémis, Sorbonne Nouvelle Paris 3), Jonathan Larcher (EHESS), Alo Paistik (EHESS) et Caroline San Martin (La Fémis).